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    Manger en pleine conscienceManger en pleine conscience

     

    J’ai remarqué que pour guérir ou bien vivre, il ne suffit pas de se nourrir correctement. Il faut manger avec tous ses sens, « sentir », « ressentir » sa nourriture.

    Aussi, je laisse parler mon instinct quant au choix de mes aliments quotidiens. Mon mode d’alimentation est intuitif.

    A trop théoriser notre alimentation, nous risquons de manquer les messages que nous donne notre corps. De plus, il ne faut pas oublier que chacun est particulier et qu’un régime ou même un aliment qui convient très bien à l’un ne convient pas forcément à l’autre.

    L’idéal est d’allier raison et sensation. Par exemple, notre organisme, en quête d’Omega 3, peut nous pousser à nous ruer sur une boite de sardine. Notre cerveau lui pourra sélectionner celle qui convient le mieux.

    Manger en pleine conscience

    Il faudrait pouvoir aussi retrouver le plaisir de l’heure de table, manger sans stress, sans regarder sa montre, la télévision éteinte. Savourer chaque bouchée, que l’on mâche convenablement au lieu de l’engloutir en quatrième vitesse. Avoir le temps de faire un joli dressage, histoire de manger avec les yeux. Les mères japonaises s’ingénient à faire du déjeuner de leur enfant une véritable œuvre d’art : c’est le Bento.

    Comment savoir lorsque on est vraiment rassasié et savoir s’arrêter, au-delà des interdits et autres dictats qui nous ont conditionnés dès la petite enfance : « Fini ton assiette » assortis bien entendu d’un bon degré de culpabilisation « pense aux petits Chinois qui ont faim ».

    L’alimentation aujourd’hui, c’est devenu un peu n’importe quoi. Certes, chez certain on constate un certain désir de retour à l’authenticité, au saisonnier, au local et on adhère à une sorte d’académie du goût. Le Slow Food voit le jour, de petits et grands chefs jouent le jeu et l’homme, le vrai se met aux fourneaux.

    Manger en pleine conscience

    Mais parallèlement, la malbouffe n’a jamais aussi bien régné en maître en Europe, les rayons de nos hypermarchés s’américanisent. On voit des allées entières de pizzas surgelées, les rayions entièrement dédiés aux sucreries dominent.

    Manger en pleine conscience

    Les industries agro-alimentaire se fichent de notre tête avec leur nouveaux produits « sans ». Sans conservateurs mais avec des colorants et des exhausteurs de gout chimiques, sans gluten mais avec une quantité d’additifs, de sucre, de sel et de mauvaises graisses, faisant du produit un triste ersatz semblable à ceux produit en temps de guerre, faute de mieux.

    Car c’est la guerre. Un conflit ouvert entre des cartels d’industriels sans scrupules, des politiques qui ne voient que leurs intérêts économiques et le consommateur Lambda, petit David équipé de sa petite fronde. L’issue pourrait être favorable à ce dernier si la grande masse de moutons ne persistait pas à acheter l’invraisemblable gamme de cochonneries qui leur est proposée.

    Car finalement, un seul est responsable de cette tragédie alimentaire : le consommateur qui refuse d’être consommACTEUR.  Ce drogué au sucre qui réclame toujours plus de produits hyper sucrés, de sodas. Ce fainéant qui se déclare heureux de revenir à la maison avec une pizza surgelée à glisser au four, et qui ne s’embarrasse pas du besoin de vérifier la composition.

    Manger en pleine conscience n’est pas un régime, c’est un mode de vie.

    Alors, comment manger en pleine conscience ?

    Il faut apprendre un instant à se déconnecter de toutes les émotions parallèles et se centrer sur soi. Identifier sa faim et savoir distinguer un besoin d’une éventuelle envie. L’exercice se fait progressivement jour après jour. Vous allez constater que vous ressentirez le besoin de manger des aliments qui ne font pas forcément partie de vos préférés.

    Le meilleur exercice est de se promener dans un marché, ou à défaut dans un supermarché. Sans vous laisser distraire par les promotions et le discours des vendeurs, laissez-vous guider pas votre intuition. Il n’est plus question de déterminer ce qui est bon ou mauvais. L’expérience peut s’avérer déroutante dans certain cas. Je pense par exemple à une personne qui s’est imposé un régime végétalien par conviction idéologique et à qui le corps demande impérativement de la viande rouge !

    Manger en pleine conscience

    La méthode paraître contraignante au départ, mais ensuite cela deviendra une habitude.

    Prévoyez un jour par semaine, toujours le même, où vous pourrez faire relâche  et « manger des crasses ». Par exemple un jour de congé, où vous serez amené à manger en compagnie d’ami, de membres de la famille. Ce jour-là, vous vous autorisez à vous livrer à vos envies, sans devoir suivre le diktat de votre organisme et manger ce que consciemment comme inconsciemment vous savez ne pas être le meilleur pour votre santé. C’est cela aussi le plaisir : pouvoir transgresser de temps en temps certaines limites, certains interdits.

    Le dimanche est mon jour « de crasses », et il peut m’arriver sans complexe au détour d’une brocante, de craquer pour un bon paquet de frites de baraque et sa sauce andalouse bien grasse. La réjouissance que j’éprouve encore plusieurs heures après à ce seul souvenir est tout aussi bénéfique pour mes petites cellules que le mode d’alimentation équilibré et biologique que je suis d’ordinaire. Vivre dans un interdit perpétuel est générateur de frustrations. Manger doit rester un plaisir !

    Manger en pleine conscience

    Que choisir

    La méthode fonctionne pour les produits non transformés. Défilez tranquillement devant les étals, l’esprit léger. Observez les aliments et choisissez, sans plus d’arrière-pensées. Ne vous souciez pas de comment vous allez les préparer. Cela se décidera en second temps.

    Il faudrait idéalement pouvoir choisir quotidiennement ses aliments. On peut s’arrêter en revenant du boulot dans un supermarché qui se trouve en chemin, à condition  de pouvoir faire le vide dans sa tête et ne pas ruminer sa journée. Disposer de son potager, d’un grand congélateur et d’une réserve de nourriture est l’idéal.

    Il est possible que vous n’ayez pas faim. Encore une fois, il convient de se débarrasser d’un conditionnement solidement ancré : vous avez le droit de ne pas avoir faim. Cela ne signifie pas que vous êtes malade, mais simplement que votre organisme dispose de ce qu’il a besoin et demande un petit temps de pause. Si vous craigniez vraiment de manquer de nutriments – ce qui est une impossibilité l’espace d’un repas – avalez lentement un jus de légume maison, non salé : cela suffira amplement.

    Il est même probable que votre corps souhaite jeuner un jour par semaine. Ecoutez-le.

    A table !

    L’heure du repas, c’est lorsque vous avez faim. Je reconnais que c’est peu convivial lorsque l’on vit en famille. Mais il y a moyen de trouver d’autres occasions privilégiées pour se réunir tous ensemble que les repas. Il est difficile d’appliquer ces notions avec les jeunes enfants, qui ont besoin d’horaires fixes et de règles pour se structurer. Il sera  donc nécessaire de s’occuper de faire manger les enfants ainsi que les adultes ne fonctionnant pas sur ce mode. Il est donc probable que vous deviez prendre vos repas seul et l’accepter.

    Manger en pleine conscience

    Asseyez-vous à table, et non sur le sofa avec un plateau sur les genoux. Eteigniez la télévision. Respirez profondément une minute. Décompressez.

    Avant d’avaler la première bouchée, imaginez le plaisir que vous allez éprouver. Vous devez saliver. Apprenez à visualiser. Sachez vous imaginer en train de déguster un plat ou un aliment.

    Prenez le temps de déguster votre repas. Privilégiez la qualité à la quantité. Faites-vous des assiettes peu remplies mais joliment agencées. Prenez le temps d’observer la nourriture qui s’y trouve, tout en mangeant. Soyez attentif à la consistance, au goût,  l’odeur des mets que vous avalez. Visualisez ces bons nutriments qui viennent alimenter vos cellules, dynamiser tout votre être.

    Si vous êtes plusieurs, commentez vos sensations.

    Les premiers signaux de satiété de l’organisme arrivent vingt minutes après le début du repas. Ne vous forcez pas à terminer votre assiette. Collectez les restes dans une petite boîte hermétique, vous les terminerez lorsque vous en éprouverez le besoin. S’il le faut, mettez au surgélateur, mais il est fort probable que vous éprouviez le besoin de terminer lors du prochain repas ou le lendemain. Au restaurant, n’hésitez pas à demander le doggy bag.

    Si vous êtres plusieurs à table, optez pour le système des tapas : un peu de tout, que chacun picore à son gré. Evitez les sujets qui fâchent. Parlez de choses distrayantes. Ne vous croyiez pas obligé non plus de parler si on ne vous y invite pas. Un repas qui se fait en silence peut être très agréable.

    Accordez-vous au moins dix minutes de pause après le repas, où vous vous retrouverez dans le calme. Savourez le bon moment que vous avez vécu au cours du repas. Faites le point : vous manquait-il quelque chose ? Auquel cas, vous corrigerez le tir à l’occasion du repas suivant.

    Il est peu aisé de se livrer à cet exercice lorsqu’on a qu’une demi-heure de pause pour le repas du midi avant de reprendre le boulot, je vous l’accorde. Vous pouvez alors prendre une légère collation seine que vous aurez préparée à la maison (soupe, salade, quelques noix) dans un endroit sympa et faire votre repas principal en soirée, où vous disposez de plus de temps.

    A bas le stress !

    Beaucoup de gens en situation de stress ou de choc émotionnel sont tentés de se jeter sur la nourriture. Prenez bien le temps de respirer avant d’ouvrir la porte du frigo ou de vous livrer à un achat compulsif. Libérez votre tension en frappant dans un punching-ball, vous promenant dehors, criant dans votre voiture, mais surtout n’avalez pas n’importe quoi.

    En cas d’envie de grignotage, interrogez-vous sur la nécessité réelle de manger. Est-ce par ennui, dépit ou faim réelle ? Laissez toujours à disposition quelques noix dans un bol, et au frigo quelques petits bâtonnets de légumes crus, des tomates cerise. Si vous avez vraiment faim, vous les consommerez.

    Si vous parvenez à détacher les émotions négatives du besoin de se nourrir et du plaisir octroyé par la saveur des aliments, vous retrouverez comme par magie un poids naturel et serez en pleine forme.

    La personne malade parviendra, elle, à se rapprocher de la guérison car elle écoute les besoins e son organisme pour lutter contre les agressions et se reconstruire.

     

    Zeletzki v.P (juillet 2017)

     

    Pour aller plus loin…

    Lire :

    « Réapprendre à manger, l’alimentation en pleine conscience » du Dr Jan Chozen Bays, pédiatre et maître zen, fondatrice du Mindful Eating Day (éd. Les Arènes).

     « Petit Cahier d'Exercices pour réguler son poids selon les thérapies comportementales et cognitives » de Gabet-Pujol Sandrine (2014).

     

     

     

     

     

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