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Par FOOD 4 FUN le 31 Mars 2017 à 10:33
Adieu glyphosphate !
Le célèbre glyphosate, ou RoundUp du groupe Monsanto, se voit enfin interdit pour les citoyens et ménages wallons qui n'ont pas d'obligation de résultat professionnel à partir de juin 2017, après avoir été banni de Bruxelles !
Voici une petite gifle pour le géant de la chimie, qui souhaite avoir un monopole sur la production des denrées alimentaires et ne reculent devant aucune méthode. Ouvrir une page de l’Histoire permet de se rappeler la responsabilité de Monsanto dans la fabrication de l’agent Orange, un défoliant chimique largué par milliers de tonnes sur les forêts et les cultures du Vietnam durant la guerre que livrait les Etat-Unis contre ce pays. Action suivie encore à l’heure actuelle de milliers de cas de cancers.
Breveté en 1974 par Monsanto et tombé dans le domaine public en 2000, ce désherbant non sélectif qui porte donc différentes appellations commerciales, est massivement utilisé dans l’agriculture, mais il est aussi présent dans de nombreux jardins. Qui ne se souvient pas avoir été en acheter au Brico du coin pour se débarrasser des herbes folles qui envahissent le parking ?
Il est extrêmement fâcheux que, tandis que des expertises publiques et transparentes soulignent le danger du glyphosate, des rapports occultes émanant directement des industriels portant sur l’innocuité du produit fassent pencher la balance en leur faveur chez les Agences Européenne. Comme toujours, l’Union Européenne choisit le monde des affaires avant la santé…
Ainsi, par exemple, la Directive-cadre européenne sur l'Eau ne mentionne pas le glyphosate dans sa liste des substances nocives pour l'environnement. C’est assez curieux puisque le glyphosate compte parmi les substances toxiques les plus abondantes que l’on retrouve dans les eaux européennes. Que penser aussi des directives européennes interdisant toujours la vente de semis de plantes anciennes qui ne sont pas cataloguées, alors qu’en revanche Monsanto commercialise librement une série de semences résistantes au glyphosate, les graines Roundup ready. Enfin, des documents déclassifiés de la justice américaine révèle que dès 1999, Monsanto s’inquiétait de la dangerosité de son produit.
La souveraineté de nos décisions nationales ne devrait plus être abandonnée à la Commission européenne engluée dans une idéologie productiviste et pourrie par le lobby agrochimique. Il faudrait aussi sortir des traités européens.
En Wallonie, on ne s’en laisse pas compter et on agit. Des initiatives citoyennes s’activent et proposent des outils. Le « contrat captage » mis en place par la Région Wallonne visant à protéger les cours d’eau naturels, offre au consommateur des alternatives. A la Hulpe, la location gratuite d’un desherbeur thermique à réserver sur le Net, est possible pour les habitants du quartier, leur permettant ainsi de ne plus utiliser d’herbicides.
Car, dans la commune de la Hulpe, les pesticides sont déjà bannis depuis trois ans. Pour 17000 euros, la commune a investi pour un desherbeur thermique, une brosse mécanique et une machine à gratter. Il y a plus de contrainte : le désherbant s’utilise en général deux fois/an tandis que le desherbeur thermique doit être passé plus souvent. Le thermique ne brule la plante qu’en surface et n’atteint pas ses racines.
Les particuliers ne peuvent plus entretenir leur trottoir et les écoulements d’eau avec le phytosanitaire, sous peine d’amande. D’ailleurs, en Wallonie, on ne peut déjà plus utiliser de pesticides sur la voie publique et à partir du 1 er juin, on ne pourra plus utiliser des herbicides à base de glyphosates dans son jardin.
Malgré de nombreux rapports sur la toxicité du produit et notamment son caractère cancérigène, l’Europe, dont la Belgique par l’intermédiaire du ministre fédéral, Willy Borsus (MR), avais remis en juin 2016 un rapport positif, prolongeant ainsi l’autorisation de la commercialisation du produit. Le glyphosate arrivait fin décembre 2015 à l'expiration de son autorisation. Le Gouvernement fédéral MR & N-VA en accord avec Maggie De Block, ministre fédérale de la Santé et ayant exercé comme…médecin, a décidé de ne pas modifier la législation !
Résultat des courses : une extension de la licence, qui arrivera à expiration le 30 juin, jusqu'à la publication d'un nouvel avis scientifique au plus tard le 31 décembre 2017, ce qui est mieux que la prorogation de l’autorisation sur une durée de quinze ans comme la Commission le prévoyait. C’est l'abstention de sept pays sur dix-neuf (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce et Bulgarie) qui a bloqué toute décision.
Ainsi, paradoxalement, la vente du Roundup qui relève du fédéral est autorisée dans tout le pays et le choix est large. En revanche, l’autorisation d’utiliser des herbicides dépend de la Région. Dans la région de Bruxelles capitale, c’est interdit, mais on trouve toujours librement ces herbicides dans les jardineries bruxelloises. Cet imbroglio fait que peu connaissent la loi et encore moins sont tentés de la faire respecter.
Il est difficile de mettre un agent communal ou un policier derrière chaque habitant qui cherchera à s’épargner l’arrachage mécanique à la binette ou d’autres techniques plus écologiques mais aussi plus contraignantes en effort et en temps que l’usage d’un herbicide chimique.
Depuis le 1er janvier 2016, sur l’initiative de leur ministre Ségolène Royal, nos voisins français qui font partie des trois seuls pays européens qui ont eu le courage de s’opposer à la prolongation de l’autorisation de commercialisation du glyphosphate devant l’Europe, ont formellement interdit cette substance à la vente.
En juin 2018, la Région Wallone devrait agir au niveau des exploitations agricoles en créant des "bandes tampons". Les agriculteurs utilisant le produit ne pourront pas en répandre sur ces bandes. Cela permettrait de protéger les terrains des propriétés voisines sensibles ne souhaitant pas profiter de toute cette chimie peu amusante.
L'interdiction de ce produit est un pas en avant, mais ce n'est pas suffisant.
Il demeure aussi toutes ces cultures transgéniques de maïs et de soja, destinées à fournir une chaîne alimentaire animale surdéveloppée et dont le mode d'élevage et d'alimentation est la cause principale de ce marché des aliments transgéniques, et donc de l'utilisation du glyphosate.
A.Zeletzki v.Potschenitz
31 03 2017
Pour aller plus loin…
Le 11 janvier 2017, Bruxelles a donné son accord au lancement d’une ICE qui souhaite faire interdire la glyphosphate dans l’Union Européenne. Une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) n’est pas une simple pétition, elle peut influencer directement les choix législatifs de l’UE. Rendez-vous ici (http://www.generations-futures.fr/glyphosate/signez-ice/) pour signer la pétition !
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